Fotolia lève plus de 50 millions de $

27 Mai 2009

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Audience comparée entre les deux sites "low cost" concurrent, Fotolia et iphotostock (Getty Image)

Audience comparée sur 12 mois entre les deux sites "low cost" concurrents, Fotolia.com et iphotostock.com (source ComScore)

Le fait

Fotolia, dont le site symbolise la photo à bas prix depuis 2005, passe en « phase 2 » après quatre années d’auto-financement par ses créateurs français. Ceux-ci auraient bouclé un tour de table de 50 à 100 millions d’euros en levant des fonds auprès de TA Associates. Cette annonce fait suite au lancement la semaine dernière du site photoXpress proposant plus de 350 000 photos gratuites classées par catégories. Le site convie les visiteurs à inviter leurs amis « afin d’attirer un maximum de nouvelles images » par effet d’audience et à créditer les images  «©PhotoXpress.com ». Le site www.fotolia.com aurait un million d’utilisateurs inscrits et a généré entre 3 et 4 millions de visiteurs uniques en avril dernier (source comScore).

Le décryptage

Nouveau rebondissement de la guerre entre les grands groupes mondiaux pour prendre le leadership sur la vente des photographies de stock, cette exceptionnelle levée de fonds prouve combien le modèle économique de la longue traîne attise la convoitises des investisseurs. Les audiences en jeu sont à la mesure des sommes investies alors que les coûts de production des images sont à la charge des photographes et que ceux de la distribution se limitent à l’entretien d’un site puissant. Ces grandes manœuvres sont de plus en plus fréquentes : rachat de iphotostock  en 2007 par Getty pour 50 millions d’euros, puis rachat de Getty Images pour 2,4 milliards de dollars par le fonds d’investissement Hellman  & Friedman qui absorbera également JupiterImages quelques mois plus tard pour 86 millions de dollars !… Certes de telles opérations de concentration signent la fin du modèle économique des droits d’auteur sur la photographie d’illustration. Mais il serait erroné de penser que ces mouvements remettent en cause celui de la vente physique des photos d’illustration de haute qualité : l’exemple de la réussite d’une entreprise comme Pêcheur d’Images à la Trinité-sur-Mer (fondée par Philips Plisson)  ou même celle de Yann Arthus-Bertrand chez YellowKorner attestent que le public est au rendez-vous. Ces succès rappellent que la création de valeur s’effectue toujours au changement d’état d’une image (passage du numérique au physique). Dont acte.


Lifting automatique

27 Mai 2009

Amélioration portrait

Le fait

Qu’est ce qui fait la beauté d’un visage ? La symétrie ? Le regard ? L’harmonie ? La culture de référence de l’observateur ? Cette question que tout photographe s’est posée au moins une fois dans sa vie est aussi centrale pour quatre chercheurs de l’Université de Tel Aviv qui se proposent de développer un moteur d’amélioration de la beauté du visage. Présentée à Los Angeles lors du dernier Siggraph, la présentation visible ici (en anglais) démontre comment, de façon imperceptible, sans qu’il soit possible d’imaginer une intervention de retouche numérique, il pourrait bientôt être possible d’optimiser le rendu final d’un portrait via un traitement informatique.

Le décryptage

Imaginez un professionnel qui disposerait d’un logiciel caché dans Lightroom ou Aperture qui incidemment,— à l’insu de tous — apporterait à chaque portrait présent sur une photographie, une imperceptible amélioration que les sujets ne tarderaient pas à plébisciter… Ne pensez-vous pas que ce professionnel ne tarderait pas à recevoir des témoignages de satisfaction de ses clients qui y verrait le signe d’un talent hors pair ? Il n’est guère imaginable que celui-ci renoncerait pour une question d’éthique à cette application en la déconnectant.

Ce voyage dans un futur visant à satisfaire le consommateur final a évidemment de quoi effrayer… Mais il y a pire … Si tous les appareils amateurs venaient à intégrer cette fonction que faudra-t-il penser alors de la représentation de la réalité ? Et quel crédit nos petits-enfants pourront-ils porter aux photos des albums de famille que nos enfants leur laisseront ? Or certains compacts (Sony, Samsung, Panasonic…) intègrent déjà des bribes de logiciels (qui demandent encore une activation volontaire) qui permettent un lissage de la peau, qui autorise une anamorphose des personnages (pour affiner les silhouettes) ou encore accentuer le sourire des sujets.… Un joli sujet pour le bac de philo n’est ce pas ?


La 3D, nouvelle compétence métier ?

27 Mai 2009

 

Avant la 3D, une série de photographies qui seront assemblées…par Photosynth

Avant la 3D, une série de photographies qui seront assemblées…par Photosynth

 

Le fait

Après avoir fait la démonstration du savoir faire des équipes de recherche de Microsoft en matière de reconstitution de la réalité 3D (à partir de photographies d’un même sujet provenant de sources diverses), le logiciel Photosynch est désormais associé à Virtual Earth (équivalent Microsoft de Google Earth) pour former une application métier. Les professionnels de l’assurance et de l’immobilier sont les premiers visés par ce type de logiciels en ligne qui permet de reconstituer avec un minimum de moyen des lieux d’implantations, des situations de sinistre, des bâtiments à vendre ou à reconfigurer, avec les atouts de la représentation en relief.

 

Le décryptage

Comme la 3D est devenu une nouvelle compétence métier pour les professionnels du dessin animé, les photographes auront à explorer les potentiels de marché des nouvelles applications 3D pour ce qui concerne leur spécialité : la représentation de la réalité sous une forme visuellement maîtrisée. Tellement échaudés par trente années de procédés en relief « révolutionnaires » qui se seront révélés comme d’innombrables bides, les photographes « installés »  lirons cette affirmation avec beaucoup de circonspection… Pourtant l’incursion de la 3D dans le domaine de l’industrie du divertissement fera tache d’huile (18 films en 3D devraient être présentés sur les écrans cinéma en 2010 selon Jeffrey Katzenberg, patron de Dreamworks Animation) faisant à termes naître un marché de la représentation 3D (à destination des entreprises). Les jeunes photographes ont un nouvel os à ronger…à moins que l’hégémonie de la vidéo (et plus largement de la représentation animée) ne vienne leur souffler. Reste à surveiller ce marché comme le lait sur le feu.


Compétition créative

19 Mai 2009

Mistergooddeal

Le fait

Le site eyeka.com créé en 2006 par Gilles Babinet et Franck Perrier est une place de marché en ligne destinée à mettre les photographes et vidéastes créatifs en relation avec les besoins des marques et des médias. Depuis le début de l’année 2008 le site publie des centaines de briefs publicitaires incitant les internautes à produire des photos ou des vidéos, comme pourrait le faire n’importe quelle agence de publicité mise en compétition. Les gagnants, sélectionnés par vote (ceux des internautes et ceux d’un collège d’experts du site), sont récompensés par des prix alléchants allant jusqu’à plusieurs milliers d’euros lorsqu’il s’agit d’un appel à création. Sinon les revenus des œuvres retenues sont partagées à 50/50 entre le site et le gagnant, celles-ci étant protégées par la législation sur les droits d’auteur. Parmi les dernières soumissions, celle de Mistergooddeal.com qui fait appel aux internautes pour réaliser son prochain spot TV. Canon est également partenaire du site avec «  Le Défi Eos » qui a permis à des passionnés de réaliser en 2008 le projet photographique de leur rêve…

Le décryptage

La production de contenus par les internautes est le modèle fondateur du Web 2.0, aussi ne faut-il pas se sentir déstabilisés par la montée des sites qui sollicitent la participation du public. Pour eyeka, le jugement par un jury d’internautes pousse l’attractivité à son paroxysme : la créativité devient une aventure vivifiante pour l’amateur, lui permettant tout à la fois d’apprendre, de se mesurer à ses pairs et dans le meilleur des cas de gagner de l’argent ! Aujourd’hui ces créations sont utilisées par les marques pour créer du buzz à bon compte en jouant la proximité entre consommateurs et créateurs. Mais ces expériences préfigurent le mode de production des prochaines WebTV et Mobile TV qui seront créées par les marques.

Tous les créateurs (directeurs artistiques, musiciens, designer, vidéastes, photographes…) ont à faire face aux contenus générés par les internautes et aucune loi ne permettra d’endiguer le phénomène. Plutôt que de crier à la concurrence déloyale, le professionnel doit ménager une « distance de sécurité » par ses compétences et ses savoir faire afin qu’aucun amateur ne puisse le rejoindre. Certes, des pans entiers d’activités passent à la trappe (comme le  marché de la photo d’illustration rémunérée aux droits d’auteur…), mais d’autres ne demandent qu’à se développer (photo événementielle, de prestige, scolaire, décorative grand format,…). Les prestations de haute qualité demandant à la fois une logistique et imposant une relation commerciale directe avec la clientèle ne peuvent se trouver dérégulées par les acteurs de l’Internet…

N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques sur cette concurrence directe (ou supposée) des internautes…


Harcourt chez YellowKorner

19 Mai 2009

 

Laeticia Casta / Studio Harcourt : l'une des photos mise en vente sur le site YellowKorner.com

Laeticia Casta / Studio Harcourt : l'une des photos mise en vente sur le site YellowKorner.com

Le fait

A l’occasion du Festival de Cannes 2009, le studio Harcourt a mis en vente le 15 mai sur le site de YellowKorner.com des tirages 40 x 50 d’une sélection d’une douzaine de stars du cinéma, de la mode et de la chanson. Sans réserve sur le nombre d’épreuves qui seront réalisées (comme le précise la mention « Open edition »), ces tirages noir et blanc sous cadre aluminium noir avec marie-louise blanche sont commercialisées au prix de 69 euros avec certificat d’authenticité.

Le décryptage

Avec un petit arrangement avec les règles du marché de l’Art (puisqu’une œuvre d’art reproductible se limite en principe à trente originaux au maximum), YellowKorner répond aux besoins d’objets fétiches du public passionné de cinéma. Cet exemple d’offensivité commerciale doit interpeller au moment où les photographes doivent savoir multiplier les sources de profits. Les trésors qui dorment dans les archives de vos magasins sont-ils valorisables ?  : portraits de personnages célèbres, sites industriels disparus, anciens métiers, monuments, photos d’architecture ou d’urbanisme, ou simplement reportage locaux. Le caractère documentaire des photos historiques n’a pas d’équivalent pour toucher tous les publics (quelle que soit leur âge et leur culture). La présentation et la vente de tirages encadrés d’une sélection de photos inédites du fonds du studio, ou même l’édition d’albums «Trésors du studio Untel » (imprimés à l’unité en sélectionnant précisément un prestataire de qualité) peuvent constituer d’excellents outils de trafic magasin. En outre ce type d’initiative —à condition de l’inscrire dans une démarche résolument moderne — permet de montrer quel rôle le photographe assume encore en 2009 au cœur des cités : permettre aux communautés de renforcer leurs liens par la re-présentation des événements et des lieux qui les concernent.


Appareils photo : + 3% sur 3 mois

19 Mai 2009

Evolution du marché des biens de consommation techniques depuis le 1er trimestre 2007 (Source : GfK TEMAX® France, GfK Retail and Technology)

Evolution du marché des biens de consommation techniques depuis le 1er trimestre 2007 (Source : GfK TEMAX® France, GfK Retail and Technology)

Le fait

GfK vient de publier un état du marché français des biens de consommation techniques sur le 1er trimestre 2009. Au milieu d’une situation confirmée comme difficile sur le marché de l’électronique grand public (- 5,2 %), le marché des appareils photo se porte plutôt bien avec une progression des ventes de + 3% par rapport au 1er trimestre 2009 soit près d’un million d’unités vendues aux consommateurs. Avec 10 % de parts de marché, les reflex enregistrent une croissance indécente de + 37 %, les objectifs interchangeables de + 46 % et les cadres numériques de + 25 %. Seul bémol pour ces derniers, leur valeur enregistrent une baisse de -14 %… Mais globalement la photo résiste bien en accusant une baisse en valeur de seulement – 2,8 % sur ce premier trimestre.

Le décryptage

Les usages dynamisent le marché photo, et ceux-ci s’inscrivent désormais dans le quotidien des consommateurs. Intégrées aux habitudes sociales, ces pratiques ont pour effet de renforcer le caractère statutaire des appareils, ce qui pousse les consommateurs à les renouveler plus fréquemment. Le reflex vient de son côté tirer le renouvellement du parc vers le haut en proposant une alternative qualitative aux compacts dont les consommateurs connaissent désormais les limites. L’offre reflex désormais très segmentée (couronnée par une offre plein format à vocation semi-professionnelle) touche tous les publics ce que l’érosion des prix généralisée favorise. La concurrence effrénée entre les marques profite donc bien aux consommateurs et à la distribution encore aujourd’hui. La question reste posée sur l’évolution de la valeur pour la suite de l’année : fin janvier GfK prévoyait pour 2009 une baisse de 6 % de celle-ci sur l’ensemble du secteur photo.


Concours, trophées, prix photo…

13 Mai 2009

 

Elliot Erwitt et Marc Riboud réunis par Sony lors de la soirée cannoise des Sony World PhotographyAwards 2009

Elliot Erwitt et Marc Riboud réunis par Sony lors de la soirée cannoise des Sony World PhotographyAwards 2009

Le fait

Pas un jour sans son concours photo ! Les marques sont friandes de ces initiatives et les rédactions envahies de communiqués annonçant l’organisation de concours, trophées ou de prix. Aucune marque ne peut se passer de ces relais de visibilité aujourd’hui. Parmi les derniers reçus, voici trois exemples :  lancé le 9 mai, le premier « Concours photo européen sur la santé et la sécurité sur le lieu de travail » ; le 6 mai, lancement des « Trophées de l’Image Travaux Publics 2009 » ; et dans un registre haut de gamme, le 16 avril, remise au Palais des Festivals à Cannes des « Sony World Photography Awards».

Le décryptage

Le concours photo est une opération de communication qui fait partie des moins coûteuses et des plus vertueuses pour les marques et institutions. Il installe entre elles et les consommateurs/usagers un lien à la hauteur de la démarche active des participants. Il permet la création à peu de frais (surtout depuis l’arrivée de l’Internet) d’une action de communication exploitable en interne et en externe (exposition, soirée…). Ces initiatives bénéficient en outre d’un accueil sans réserve de la part des rédactions des magazines offrant aux revues de presse dressées par les organismes de veille des citations de la marque dont les dircom se montrent friands. Le jury constitué toujours de « personnalités renommées » du monde de la photo est facile à constituer à peu de frais. Cerise sur le gâteau, les œuvres primées donnent en général lieu à une gratuité de droits de citations tout en étant réutilisées en interne…(sans parler des usages illicites des photos par certaines sociétés voyous).

Pour les Prix photo, changement d’échelle, ceux-ci pouvant devenir un outil stratégique pour entrer et se faire une place au cœur d’un marché. Sony depuis deux ans a opté pour cette formule grâce aux Sony World Photography Awards. Il  s’agit pour l’entreprise japonaise d’acquérir une légitimité sur le terrain de la photographie professionnelle depuis l’arrivée de l’Alpha 900. Jury de grands noms (Eliott Erwitt, Sarah Moon, Martine Franck… ) , soirée de remise de prix avec 700 invités VIP à Cannes, hommage à Marc Riboud, dotation conséquente… rien n’est trop beau pour démontrer l’engagement de Sony auprès du monde de la photo. Avec en prime la mise en avant sur la scène mondiale d’amateurs talentueux issus des quatre coins de la planète.

Pour les photographes professionnels cette inflation de concours est la confirmation du rôle croissant joué par la photographie dans la création d’image de marque et l’entretien d’une connivence entre les marques et les amateurs (et consommateurs de biens et de services) : rappelons que 21 % des Français déclaraient aux enquêteurs du baromètre API/Ipsos en septembre dernier « être passionnés de photo ». Une autoroute à concours !


Les usages de la photo

13 Mai 2009

Les modes de consultation des photos aux Etats-Unis fin 2008 selon le cabinet NPD

Les modes de consultation des photos aux Etats-Unis fin 2008 selon le cabinet NPD

 

 

Le fait

Une étude publiée en février dernier par le cabinet NPD aux Etats-Unis (et que relate le site Chassimages.com) donne un instantané des modes de consultation des photographies numériques par les américains. Ce que nous imaginions se vérifie : l’écran de l’ordinateur est devenue la norme de consultation pour près de 100 % des répondants.Vient très loin derrière (pour 40 % des utilisateurs) l’écran de l’appareil, puis pour plus d’un quart des répondants le papier photo.

Le décryptage

Les chiffres de cette étude — dont le total fait plus de 100 % indiquant la multiplicité des usages —, place le support papier en challenger parmi sept autres moyens de consultation. En très légère perte de vitesse entre 2008 et 2007, le tirage partage cette particularité peu enviable avec les écrans TV, tandis que les téléphones, les cadres numériques et les ipod/phone progressent. Face à ce constat qui peut être étendu à la France, il faudra vite se poser la question de savoir a quel moment et pour quels besoins la photo sur papier répond aux attentes des consommateurs de 2009 ? : pour la familiarité avec le support, la précision des détails, sa facilité de consultation, l’objet physique qui nous renvoie à notre besoin de posséder, la praticité… ?  Les critères qui guident ces usages dans le cadre de la photographie sociale nous manquent pour orienter l’action commerciale. Hier les formules de tirage Premium n’étaient-elles pas privilégiées par les consommateurs lorsque l’implication affective dans les images était maximale (cérémonies, voyages lointains, réunions familiales marquantes…). De là à dire que pour la photo sur papier nous sommes en manque d’intelligence marketing, il n’y a qu’un pas  que je n’hésiterais pas à franchir.


Autour d’une photo

13 Mai 2009

Opération RATP

Le fait

Du 6 au 10 janvier dernier, à l’occasion des vœux de début d’année, la RATP organisait à Paris aux stations Porte de Pantin, Créteil Université, Saint -Lazare et Denfert-Rochereau une opération de relation avec le public. Moyen utilisé : un studio photo permettant de produire instantanément un tirage photo où les usagers qui acceptaient de se laisser photographier étaient incrustés dans un décor aux côtés d’une mascotte en forme de téléphone. Pour les agents de la RATP — et notamment les contrôleurs—, cette occasion d’entrer en relation avec les usagers avec lesquels ils entretiennent habituellement des relations plus « distante » est unique. Les jeunes banlieusards vus à Saint Lazare en train de plaisanter avec les agents RATP qui leur remettaient leur photo, donne la mesure du « dégel » qu’une simple photo est capable de produire.

Le décryptage

Alors même que la photographie est banalisée, l’acte de prise de vue n’a jamais été autant « habité » qu’aujourd’hui. Dès lors que la suspicion est évacuée — ce qui n’est jamais le cas pour les photos prises à la sauvette sans échange avec les sujets—, dans tous les autres cas,  l’attention portée au sujet est toujours payé en retour par une attitude empathique (le fameux « don contre don » d’Anthony  Mahé). Ce qui marche pour une séance de photo traditionnelle marche également pour toute situation photographique artificielle (comme c’est le cas dans cette opération RATP). Fort de cette constatation, le potentiel en photographie événementielle est infini. Le consentement du sujet est gage d’une relation immédiate avec le photographe… comme le photofilmage le prouve d’ailleurs. Ensuite, l’art du commerce doit prendre le relais pour valoriser cette attention éphémère portée à l’autre…


Des tirages et des livres

6 Mai 2009

Chez Un livre-Une image,  le livre d'auteur intègre un tirage photo numéroté permettant une forte création de valeur..

Chez Un livre-Une image, le livre d'auteur intègre un tirage photo numéroté permettant une forte création de valeur.

 

 

Le fait

Les modes alternatifs d’édition de livres photo d’auteur à haute valeur ajoutée se mettent en place. Pour rendre compte de cette bonne nouvelle, Didier de Faïs, rédacteur en chef de photographie.com et organisateur de l’Atelier, a réuni le 5 mai à la MEP un parterre de photographes, de galeristes en ligne et d’éditeurs concernés. Le constat : une richesse d’idées créatives qui pourrait redonner vitalité au marché des livres photo d’auteur dont l’existence semblait compromise par le système de distribution traditionnel des libraires. Chez « Un livre – une image», il s’agit de mettre en avant un ouvrage de très haute qualité en lui associant un tirage original de l’auteur (encarté à l’intérieur) ; pour Franck Horvat cela passe par l’édition d’un mini-ouvrage unique fourni avec un tirage original vendu au prix fort ;  chez « Image en manœuvre Editions », on remet en selle le tirage de tête (impression de l’ouvrage à quelques dizaines d’exemplaires numérotés sur papier Vélin) destinés au collectionneurs. Les profits engendrés sur ce petit tirage autorisent ensuite l’édition à plusieurs centaines d’exemplaires de l’ouvrage en question.

 

Le décryptage

Face à un modèle économique traditionnel défaillant (celui de l’édition traditionnelle), on aurait tort de se priver de la créativité apportée par les ces entreprises pionnières. Celles-ci exploitent les nouvelles possibilités de l’impression numérique, sans renoncer aux techniques d’impression offset lorsqu’elles se révèlent profitables. L’association d’un livre photo et d’un tirage d’auteur,— tous deux édités en tirage limité—, constitue une idée vraiment originale qui renoue avec les livres d’art du XIXème siècle que les bibliophiles se disputent. La culture de la rareté est génératrice de valeur, l’insertion d’un tirage donnant une nouvelle dimension émotionnelle (si ce n’est spéculative !) à un livre photo… dont le prix s’envolera, au-delà de la raison. A remarquer à cette occasion l’extraordinaire progression de la qualité des ouvrages édités à l’unité sur presse numérique : les exemples de livres cousus chez e-Center ou encore ceux produits par blurb.com sont vraiment bluffants. Entre tirages et livres, le futur de la photographie numérique passe par le support papier. Qui pourrait s’en plaindre ?