Près de 81 000 visiteurs se sont pressés du 8 au 12 novembre dans le Hall 4 de la porte de Versailles !
Le salon de la photo 2012 a fermé ses portes hier le 12 novembre après cinq journées de forte affluence permettant à la manifestation d’enregistrer son plus fort niveau de fréquentation depuis sa création (plus de 80 600 visiteurs !). Sa programmation en novembre en pleine période de vacances scolaires, alors que le mois de la photo bat son plein et juste avant l’ouverture de Paris-Photo aura permis à la manifestation de profiter, tout autant qu’elle l’exacerbe, de l’effervescence photographique ambiante.
Sans surprise, le salon s’inscrit dans les tendances de la photokina (voir notre compte rendu des 21 septembre et 15 octobre 2012) pour des nouveautés pour la plupart déjà connues. La particularité française, le village de vente, reste un élément du succès : les affaires des quatre enseignes partenaires n’auront jamais été aussi florissantes en dépit de la crise économique. L’épuisement des visages des vendeurs, associé à leur sourire, est un signe qui ne trompe pas.
Digistore, pour sa première présence au salon de la photo, proposait à des prix accessibles des projecteurs à diodes de tous types. Les amateurs sont les principaux consommateurs de produits professionnels.
La quête d’une qualité « pro » pour tous
L’orientation grand public du salon semble chaque année se renforcer, pas seulement par la rareté des stands présentant des produits 100 % professionnels (l’absence de Manfrotto fut regrettée), mais surtout, parce que les exposants prennent soins d’exposer des produits semi-professionnels accessibles aux amateurs experts. La professionnalisation des amateurs n’est pas un vain mot, et puisque c’est le grand public qui a l’argent, c’est un salon fait pour lui. Si l’industrie de la photographie vise la montée en gamme — comme tout semble l’indiquer — , un jour viendra où le visitorat de masse devra pouvoir se conjuguer avec un accueil VIP. Les salons nautique ou de l’automobile le font, pourquoi pas la photo ?
Des reflex qui fascinent toujours
Avec 22 000 visiteurs pour la seule journée de samedi, peu de chance de voir des comptoirs désertés ; les périodes matinales, comme celle du 11 novembre au matin, impose un constat : les points de démonstrations investis par les visiteurs sont ceux des reflex et des hybrides, les compacts restant délaissés. Contrairement à l’impression laissée après la dernière photokina, la connectivité est un non événement au salon de Paris. Pourquoi une telle économie de communication pour une fonction qui fait le buzz ? Peut-être simplement parce que les démonstrations restent laborieuses, les modules Wifi trop onéreux lorsqu’ils sont externes. Cette fonction standard des smartphones doit être présente sans coût supplémentaires pour le consommateur, estiment certains observateurs. Seulement deux appareils sous Android peuvent prétendre offrir un service digne d’un smartphone, ce qui est finalement recherché. Le constat : les fabricants photo se hâtent lentement sur le sujet.
Les professionnels omniprésents…
… comme embassadeurs des marques sur les stands. Il était même possible d’en voir certains cumuler les engagements et partager leur expérience sur plusieurs stands ! Pour les plus charismatiques, l’animation se transforme en show… Un nouveau moyen de subsistance pour ces quelques élus, mais également une confirmation pour tous : être photographe s’est aussi savoir transmettre au-delà des images produites, par la parole et le geste… Les grandes rencontres organisées par Photographie.com gardent leur attractivité notamment lorsque les grands noms sont au rendez-vous. Le monde du commerce photo et celui de la création (ou du photo-journalisme) se côtoient et se renvoient l’ascenceur dans ces salons. Si l’impossible équation économique des photographe ne saurait être résolue par ces interventions, au moins est-ce l’occasion d’un rapprochement entre deux mondes professionnels aux antipodes afin de crédibiliser les nouveaux outils aux yeux des consommateurs.
Les compacts X-Series de Fujifilm ont assurément un pouvoir d’attractivité extraordinaire. Le stand fut pris d’assaut toute la durée de la manifestation tandis qu’un site participatif répond aux besoins de la communauté des possesseurs de X-Series. Vintage + ultra-qualité, la martingale ?
La puissance du vintage
Le vintage reste la tendance. Qu’il s’agisse de l’Olympus OM-D ou des compacts experts Fujifilm, le design des années 50 à 70 fait mouche. Toutes les générations se retrouvent dans cette approche rassurante, terriblement régressive… Est-ce à dire que cinquante années d’évolution du design se trouvent totalement compromis par ce mouvement ? Pas vraiment si l’on examine les reflex professionnels, mais également les gammes de compacts grand public. Le vintage s’accommodent bien des modèles où le consommateur n’est pas prêt à concéder sur le caractère statutaire de l’appareil qu’il va acquérir. Il se trouve que ces appareils produisent des images de très haute qualité, ce qui tombe bien. Et sont mieux valorisés, ce qui est encore mieux pour permettre aux réseaux de distribution de délivrer un meilleur niveau de conseil. La proximité avec le design mythique du Leica renforce sans doute ce succès. Les compacts experts et hybrides haut de gamme sont bien les premiers concernés par ce phénomène.
Xsories vise à créer un écosystème d’accessoires « de l’extrême » autour du Gopro. Parmi des perches de prise de vue, une grue légère, ou des coques silicones en couleur, on trouve un leash permettant de sécuriser l’utilisation d’un appareil photo.
Gopro crée le marché des Action Cams
Le Gopro présent depuis trois ans au salon de la photo est désormais pris au sérieux par le monde des fabricants (il se dit que 130 000 pièces pourraient être commercialisées en Europe en 2012, dont la moitié en France !). Il s’agit bien d’un nouveau marché sur lequel les fabricants photo (Sony en tête) comptent bien capitaliser… Gopro « pousse le curseur » en se permettant d’annoncer le premier mode 4K sur son modèle Hero3, mais… à 15 images/seconde ! Du coup, cette caméra devient la première à pouvoir enregistrer des images fixes de qualité à 15 i/s en continu sans limite de durée. Le groupe d’entreprises animées par son fondateur Nick Woodman pourraient bien continuer à surprendre. Avec la marque XSories — qui dépoussière le marché des accessoires en imaginant nombre d’ustensiles adaptés aux nouveaux usages (perches, leashs, grue, coques anti-choc colorées, micro-pieds… ) et vise à développer un écosystème de prise de vue miniature autour du GoPro : taille réduite et légèreté maximale devraient, comme Sony du temps d’Akio Morita, pousser Gopro vers des sommets.
Parmi la quinzaine de stands délivrant des stages, celui de Photo Up créé en 2010. Le besoin d’expériences collectives autour de la photographie n’a jamais été aussi fort.
La folie des stages photo
Une quinzaine d’entreprises de vente de stages photo et workshops étaient présentes porte de Versailles. Le phénomène des stages thématiques animés par des professionnels ne s’essoufle pas, bien au contraire. Les marques ne sont pas en reste, notamment avec Nikon, mais également les groupes de presse (Focusnumérique), ou encore les enseignes (Phox Academy)… Le désir de connaissance photographique et d’épanouissement personnel n’a jamais été aussi élevé. Les photographes professionnels qui pratiquent depuis de nombreuses années ce type d’activité le savent : c’est un moyen idéal d’approcher leur clientèle et de les fidéliser. Si, le plus souvent, il s’agit de faire vivre une véritable expérience aux stagiaires durant plusieurs heures, le voyage photographique qui dure plusieurs jours reste le summum pour resserer les liens (Aguila, Photographes du monde…). Enfin, et ce n’est pas le moindre des avantages, certaines de ces entreprises possèdent l’agrément formation permanente leur permettant de s’ouvrir à un mode de financement quasi indolore… De leur côté, sans faire de bruit, les clubs photo font le plein d’adhérents, mais sur des publics plus âgés. La puissance de ces organisations n’a jamais été aussi élevée, elles, qui s’inscrivent fondamentalement sur la transmission de la connaissance à faible coût, et misent sur l’attrait social de cette activité photo pour leur membres.
L’album imprimé, support roi
L’album photo imprimé poursuit son développement (+ 12 % en 2012 selon Futuresource Consulting). Seul le leader Cewe Color n’était pas présent… préférant travailler en BtoB : Fnac et System-U se sont laissés convaincre mettant fin à de décennies de partenariat avec Fujifilm… La capacité d’offrir des services harmonisés web + magasin fait la force de l’entreprise, en contrepartie d’investissements considérables. L’appelation « livre photo » se substitue à celle d’album photo lorsque les marques souhaitent donner un caractère haut de gamme à leur proposition commerciale. Le haut de gamme, maître mot de l’année dans les allées de la porte de Versailles.