Le fait
Cette Photokina restera celle du boom des appareils à capteurs plein format. Toutes les familles d’appareils sont concernées : les reflex semi-professionnels (Nikon D600, Canon EOS 6D, Sony Alpha 99, Pentax K3…), les compacts à objectifs interchangeable (Fuji X-E1) et même les compacts miniatures (Sony DSC-RX1). Ces capteurs de grande taille sont commercialisés par des industriels qui sont désormais en mesure de les produire à des coûts (plus) réduits. Leurs usages ne se limitent pas aux appareils photo : les caméras de surveillance sont également concernées (voir ici et là) !
Le décryptage
La sortie simultanée de reflex et de compacts à capteurs plein format à Cologne donne le signe évident d’une offensive des fabricants photographiques vers l’hyper-qualité : si les limites sont repoussées, c’est autant pour une question de saine concurrence et de soutien à la consommation par l’innovation, que pour creuser l’écart avec les smartphones. Conséquence directe de cette élévation du niveau de performances des capteurs, les objectifs doivent suivre. L’optique n’étant pas une discipline qui obéit à la loi de Moore, il faut trouver des solutions : les focales fixes sont redécouvertes comme dispositifs optiques performants et économiques. Le marketing et les distributeurs font leur miel de ce retour, le marché les conforte avec une croissance des ventes de 34 % (source GfK) sur le premier semestre 2012 (voir le cahier Repères du Monde de l’image de septembre). Le succès de la gamme Samyang, l’offre alléchante de Voigtländer, le lancement de la série f/1,8 de Nikon en valisette numérotée… et la sortie d’une gamme haute qualité chez Zeiss adapté aux capteurs de plus de 30 mégapixels, attestent de ce mouvement généralisé. Dans ce contexte, le 50/1,8 standard se convertit quarante années plus tard en objectif ultra-lumineux permettant — aux dires des journalistes et des services marketing — de gérer l’effet de profondeur de champ ! On peut s’en amuser… mais surtout se réjouir des bénéfices apportés par cette évolution : l’élévation de la sensibilité des capteurs et la précision de la mise au point automatique, y compris en basses lumières, autorise la prise de vue là où elle était impossible il y a encore cinq ans ! Tous les consommateurs profitent de ces avantages apportés par ce mix optique/numérique. La montée en qualité et en valeur sont donc les deux réponses des fabricants à la concurrence montante des smartphones et pour faire face à une demande d’un public de passionnés en quête d’innovations « visibles ». Les hybrides (compacts à objectifs interchangeables) et les compacts experts apportent une valeur de différenciation évidente dont les réseaux de distribution devraient pouvoir profiter dans les mois à venir.
Parrallèlement à cet extraordinaire essor vers une qualité inconnue jusqu’alors en photographie, la connectivité devient le nouveau défi majeur de l’industrie photographique. L’emphase n’est pas mise sur ce terrain à Cologne (sauf chez Samsung qui veut creuser l’écart par rapport à ses concurrents), mais toute les marques savent que la lutte sera rude sur ce terrain dans les prochaines années. Nous reviendrons prochainement sur cette seconde tendance de la photokina 2012…