Le fait
Canon a annoncé fin août la mise au point de deux capteurs CMOS exceptionnels : le premier offre une résolution de 120 mégapixels au format APS-H (voir la description en cliquant ici) ; le second, au format 20,2 x 20,5 cm (!) reste un produit de laboratoire qui vise la sensibilité et la rapidité maximales (sa résolution n’est même pas annoncée !). Compte tenu de sa sensibilité — cent fois supérieure à celle d’un capteur d’EOS ! — ce capteur permet l’enregistrement d’images jusqu’à 0,3 lux, y compris en vidéo à 60 images/seconde ! Ce qui le prédispose à la prise de vue astronomique mais aussi à la prise de vue nocturne (voir sa description en cliquant ici).
Le décryptage
La très haute résolution a le vent en poupe. Les sites qui présentent des images giga-pixels (constituées de photos juxtaposées) sont légions partout dans le monde (voir les spectaculaires photos des sites gigapixel.com ou gigapan.org), tandis que l’industrie des capteurs va rapidement autoriser (en capture instantanée) des niveaux de résolution en rupture avec notre norme actuelle, issue des débuts de la photographie : celle-ci se réfère encore à une résolution « nécessaire et suffisante » afin que la qualité d’image imprimée sur un support dépasse les limites de perception de l’œil humain dans les conditions idéales d’observation (acuité visuelle de 1 minute d’arc admis pour l’œil humain soit une résolution de 300 dpi). Or la restitution sur écran et les capacités d’interactions qu’elle autorise pulvérise ce principe simple. L’ultra-qualité imprimée pourrait ne devenir vite qu’un avatar d’une hyper qualité d’acquisition, qui permettra des recadrages extrêmes dans l’image (fixe ou animée), des possibilités d’amélioration au gré des désirs (du créateurs et des observateurs), mais aussi une exploration des moindres des détails d’une photographie en pénétrant toujours plus avant dans celle-ci (à la manière des photographies de Jean-François Rauzier (que l’on peut découvrir en cliquant ici). La profondeur d’analyse des moteurs de reconnaissance devenant proportionnelle à la densité d’informations enregistrées, l’indexation automatique des éléments représentés sur celle-ci s’en trouvera facilitée (voir la plus grande photo de foule tagguée encore manuellement en cliquant ici).
Les images de GoogleEarth en 2005 ont préparé les photographes professionnels à cet avenir ; il faut se rendre à l’évidence, celui-ci les rattrape. Après la vidéo HD et la 3D qui font l’actualité, l’hyper-résolution pourrait être le prochain dossier à saisir. Une spécialité qui les rapprochera de la culture d’hyper-qualité sur laquelle ils ont assis leur crédibilité.