Post-production photo industrialisée

17 octobre 2011

La filiale des postes suisses ouvre en France un service de traitement et de retouche de photographies pour les besoins des entreprises de commerce en ligne et à distance. Le travail est réalisé au Vietnam dans un délai J+1.

Le fait

La filiale des postes suisses, Swiss Post Solutions a annoncé le 22 septembre le lancement en France d’Image +, un nouveau service de post-production industrielle permettant aux entreprises qui utilisent un très grand nombre de photographies (catalogues, sites de e-commerce…) de les donner à traiter rapidement par lot à un prix ultra-compétitif (détourage, changement de coloris, modificiation d’arrière plan, ajustement chromatique, repique, incrustation de logo ou de signature…). Le service est assuré en J+1 grâce au traitement  des images off-shore en Asie où Swiss Post dispose de 1000 salariés. Le cœur de métier de Swiss Post Solutions est d’assurer  à distance le traitement de millions d’opérations de back-office pour le compte des banques, des compagnies d’assurance ou encore des acteurs de la VAD ou du e-commerce. Cette diversification vers la photo, lancée il y a deux ans sur l’Allemagne, a été couronnée de succès selon les dirigeants de Swiss Post Solutions, conduisant aujourd’hui au traitement de 2 000 photos par jour et à la décision de lancer le service Image+ en France.

Le décryptage

Si en France les services délocalisant la post-production des images dans des pays à revenus faibles ne sont pas nouveaux depuis l’avènement de l’ADSL (avec detour-images.com comme pionnier dès 2000),  la taille et la vocation historique de cette entreprise Suisse étonnera. Or Swiss Post Solutions est en fait un champion du traitement d’images bien avant sa diversification vers la photographie : en scannant et gérant trois millions de chèques quotidien pour les établissement bancaires en toute sécurité (norme bancaire ISO 27001), l’entreprise maitrise un savoir faire des process de traitement des images (dématérialisation, préservation, intégrité, sécurité des échanges) ce qui peut justifier une incursion dans le monde photo. Le caractère industriel du service Image+ est revendiqué, ce qui explique que le client doit remplir un cahier des charges avant de faire appel à ce service afin de déterminer le tarif des prestations selon le type d’intervention demandée…Pascal Tingaud directeur des ventes de Swiss Post Solutions relativise l’impact négatif que pourrait avoir ce service off-shore sur les emplois en France, estimant que les clients ne pourraient pas s’offrir une telle prestation si celle-ci devait être facturée au prix de revient d’un salarié français. Pour les grandes entreprises de la vente en ligne ou les fabricants de catalogues, il est clair que ce type de service low-cost sera apprécié. D’autant que le décalage horaire avec l’Asie permet le travail en flux tendu du jour pour le lendemain.  Pour Laurianne Comiti, directrice marketing du service Image+ de Swiss Post, la prestation offerte peut très bien répondre aux besoins des photographes de mariage, qui visent une réactivité élevée en voulant se décharger de la post-production très chronophage.

L’arrivée de ce nouveau service témoigne du processus d’industrialisation de la chaîne de production photographique pour répondre aux besoins des acteurs économiques qui doivent faire face à un flux croissant d’images. Cette approche est évidemment en rupture avec la vision artisanale qui a prévalu jusqu’au début du XXIème siècle. Elle touche progressivement  tous les maillons de la chaîne de production avec une migration de valeur vers ces nouveaux acteurs dont l’économie s’appuie sur des hauts volumes de production ou de ventes  : sites de vente de photos en ligne (Getty, Corbis, istockphoto…), studios de prise de vue géants (ventes privées…),  services de diffusion mutualisée de photos d’actualité  (pixpalace), post-production (Image+), tirage en ligne (photobox…), édition en ligne (blurb, e-center…), hébergement (jingoo, Darqroom…).  Le monde de la prestation photographique se partage aujourd’hui entre les artisans et les industriels. Et cela ne fait que commencer. Pour plus de renseignements sur Image+ : contact.sps.fr@swisspost.com ou 01 44 74 35 15.


Go Pro met ses appareils en réseau

17 octobre 2011

Cette vidéo tournée par Tim et Callum Macmillan utilise 48 appareils Go Pro HD synchronisés et embarqués à bord d'un hélicoptère. Un réussite publicitaire qui rappelle que l’attrait pour l’ingénierie photographique est aussi une voie pour créer de nouvelles images (cliquez sur l'image puis tapez Gopro comme mot de passe pour voir la vidéo)

Le fait

L’appareil des sportifs Go Pro HD Hero développé par la société californienne éponyme a conquis depuis plusieurs années les adeptes des sports extrêmes par ses performances photo et vidéo en dépit de son extrême rusticité (le mot est faible : absence d’écran, pilotage des fonctions d’un autre âge…). Ultra-compact et ultra-léger le Go Pro HD est toujours associé à un caisson antichoc et étanche (-60 mètres) et accessoirisé  afin de lui permettre d’affronter toutes les situations rencontrées par les sportifs selon leur spécialité. Le Go Pro HD Hero (5 mégapixels) offre une capacité d’enregistrement à 60 images/seconde en plus de son mode Full HD classique. Il est télécommandable à distance ce qui permet de l’installer n’importe où, et de le synchroniser en chaîne à l’infini. Afin de réaliser la vidéo présentée ci-dessus 48 appareils ont pu être associés et synchronisés pour des images exceptionnelles. Prix du Go Pro HD : 299 euros (sur le site officiel de la marque gopro.com ou le site français spécialisé en caméras embarquées www.studiosport.fr).

 Le décryptage

Inconnue en France alors que la marque est incontournable dans le monde du sport de glisse (et dont les produits ne sont jamais évoqués ni testés par la presse spécialisée française !) Go Pro a su pourtant trouver son  public en résolvant les problèmes particuliers liés à la prise de vue en mouvement dans des conditions extrêmes. Avec cette vidéo réalisée en synchronisant plusieurs dizaines d’appareils sur un ensemble rigide et transportable, Go pro accrédite l’idée que la synchronisation entre de nombreux appareils photo ou caméras peut permettre d’explorer de nouvelles formes visuelles. L’effet spectaculaire obtenu n’est pas nouveau (nous vous avions présenté en octobre 2010 une vidéo équivalente — en cliquant ici et — obtenue en synchronisant 52 reflex Canon), mais la faisabilité de tels dispositifs de capture devient de plus en plus accessible et peuvent être mis à profit utilement pour innover visuellement. D’autant que les application de modélisation de scènes en 3D  à partir d’appareils synchronisés viendront un jour prochain révolutionner le secteur (comme la présentation lors de Canon Expo 2010 le laissait  présager).


Bilan salon de la photo 2011

17 octobre 2011

Avec près de 72 000 visiteurs le salon de la photo 2011 fut un succès. En pleine crise économique, l'enthousiasme des visiteurs et des exposants laisse espérer une belle fin d'année pour le marché photo. Prochaine édition du 8 au 12 novembre 2012.

Le fait

Le salon de la photo 2011 vient de fermer ses portes après cinq jours de show.  Près de 72 000 visiteurs se sont pressées dans le Hall 4 de la porte de Versailles (dont 22 % de professionnels en hausse de 4 points), dans une ambiance positive, voire enthousiaste autour de 120 stands de très belle facture. La présence de Carl Lagerfeld a donné une coloration people à la manifestation… le temps du vernissage de son exposition le jeudi 6 octobre, où les équipes TV  ont pu lutter avec les badauds à sacs à dos pour réaliser les meilleures images !

L’ambiance

La réussite d’un salon ne s’évalue pas seulement au nombre d’entrées mais également en termes de qualité de visitorat. Si cette année, la fréquentation équivaut à celle de 2009 (en recul de 6,5 % par rapport à 2010), les visiteurs se montrent chaque année plus concernés. En témoigne les bonnes affaires réalisées par les magasins de vente dont les stands bondés jouxtaient les cimaises où étaient exposés les portraits des maîtres du XXème, choisis par Karl Lagerfeld dans les collections de la MEP ! En témoigne également la satisfaction des exposants dont les objectifs de vente ont été dépassés sur les produits professionnels. Au-delà d’un bilan comptable visiblement positif,  c’est le dynamisme de nombreux petits stands qu’il convient de rendre compte, illustrant cette effervescence directement liée au foisonnement des pratiques photographiques d’aujourd’hui. De nombreux entrepreneurs — souvent trentenaires et toujours passionnés— trouvent dans la photographie une manière de s’engager dans une vie professionnelle stimulante au contact d’un public chaleureux en quête de savoir faire et d’épanouissement personnel… à l’image de ce qu’ils recherchent dans ce secteur !  Le phénomène est le plus impressionnant dans le domaine de la formation photo où des dizaines d’entreprises sont nées qui proposent aux visiteurs des workshop, safaris urbains, voyages à thème, ateliers, cours, master class selon des terminologie déclinées à l’envi pour marquer leur différence. Si les amateurs sont en quête de savoir faire, ils désirent avant toute chose être en relation avec leurs homologues amoureux d’images. Les photographes professionnels indépendants que la presse ne fait plus vivre trouvent dans ce besoin du grand public une aubaine pour compléter leurs revenus, mais aussi retrouver un rôle social au-delà de la production d’images. La disparition des photographes quartier a donc laissé un vide que ces photoreporters comblent via ces stages devenus si populaires.

Du côté des sites d’informations, réunis sous la bannière de l’Agora du net*, même enthousiasme partagé et même intérêt pour l’échange avec le public (dans un rôle proche de celui tenu par les photo-clubs). Ces entrepreneurs de la photo se développent à l’ombre des grandes sociétés qui impriment au marché le tempo de leurs innovations, et que la presse spécialisée relaie en parfait synchronisme. Pour ces sites et leurs forums, pas d’opulents budgets publicitaires, pas encore de revenus conséquents malgré leur audience, mais une passion et une énergie…et l’hypothétique espoir pour ces entrepreneurs de vivre un jour de cette activité.

Autre moteur du dynamisme, l’aspiration légitime des passionnés à créer des œuvres d’art, en faisant appel à des prestataires de renom. Pour se développer les sites d’hébergement ou les laboratoires proposent des prestations inimaginables il y a encore quelques années : tirage jet d’encre au charbon chez art-photo-lab.com, site de tirage en marque blanche Picto White lab (permettant à tous les photographes de mettre en vente leurs œuvres sur leur site), impression de véritables livres photo chez Blurb, tirage d’art en caisse américaine chez Darqroom… Le marketing parle souvent de démocratisation du marché de l’art, parlons plutôt de la démocratisation des prestations réservées aux professionnels.

Une première mondiale est venue cette année marquer l’événement parisien : Nikon avec le concept 1 (prononcez « One »). Les deux appareils Nikon 1v et 1j s’inscrivent dans la famille des hybrides en s’aventurant sur le terrain de la  haute résolution temporelle (60 i/s) et en introduisant  « l’instant animé » symbole marquant de l’évolution des pratiques photographiques. Autre événement, la première présentation publique du compact expert Fuji X10 qui, comme le X100, renoue avec un design très traditionnel pour tisser un lien subtile entre la nostalgie des quinquas et l’imaginaire de la génération C (les 12-24 ans). Ces derniers, sans toujours en prendre conscience s’inscrivent dans la continuité de l’histoire d’un médium qui les fascine et qu’ils révolutionnent par leurs usages. La gravure  d’un schéma optique comme on le faisait « entre-deux-guerres » sur le capot supérieur du X10 signifie bien que l’appareil emprunte le meilleur du savoir faire optique de la firme japonaise pour offrir une expérience photographique singulière (celle d’à nouveau pouvoir viser à hauteur d’œil dans un viseur optique digne de ce nom !). Le néoclassicisme à de beaux jours devant lui !

30 ans après l’avènement du premier appareil photo électronique (célébrée par une exposition exceptionnelle d’une centaine d’appareils numériques qui ont marqué cette jeune histoire, tous issus du JCII Camera Museum), quatre ans après sa refondation, le salon de la photo de Paris a atteint sa maturité en jouant sur les trois registres qui l’ont conduit au succès : événementiel (stands, concours et animations), marchand (magasins de vente) et culturel (exposition exclusive et conférences). Par son visitorat, il est devenu le deuxième salon photo grand public mondial après la photokina, salon qui en revanche reste abonné à une périodicité biennale.

 (*) L’Agora du net réunissait cette année cinq sites d’informations photo : Forum Alpha DxD, Déclencheur, Focus numérique, Pixelistes, Nikon Passion.