Le fait
L’immense succès du site Pinterest (16 millions d’utilisateurs par mois) défie la chronique en attirant toujours plus de membres. Ce site qui permet à ses utilisateurs d’épingler sur leur mur personnel toutes les images glanées de-ci de-là sur Internet permet également de les partager vers leurs « followers ». Pour MarketWatch, cabinet d’étude américain, le site et ses utilisateurs jouent un jeu risqué puisqu’en dépit des conditions générales d’utilisation qui mettent en garde les utilisateurs contre l’usage de visuels dont ils ne détiendraient pas les droits, personne ne se préoccupe réellement des droits d’auteur.
Le décryptage
Le public utilise désormais les images comme des mots. Pinterest illustre comme une évidence ce fait qui dépasse évidemment tout ce que nous avons connu jusqu’à ces dernières années en matière de statut et d’usages des photographies. En dehors de leur esthétique, de leur pertinence, ces photos épinglées sont en fait des bookmarks. Un simple clic sur chaque photo épinglée, et celle-ci peut être recontextualisée dans l’article où elle a précédemment été publiée (grâce à l’hyperlien qui la relie au site d’origine). Pour les professionnels le défi est de taille, puisque cette culture de partage ne peut plus être régulée (sauf à imposer la fermeture du site comme ce fut le cas pour Megaupload ou Napster ou à imposer un contrôle général du Web ce qui serait perçu comme une dangereuse entrave à la neutralité du net). La solution pour pallier à cette hémorragie serait d’adopter rapidement un dispositif de traçabilité robuste et planétaire, évitant les usages commerciaux de photos recueillies gratuitement. Plus coalition propose une telle solution, mais dès aujourd’hui l’image dite « professionnelle » doit pouvoir se rendre « visible » sur le Web grâce à ses métadonnées. L’autre solution consiste à utiliser ces échanges massifs et incontrôlables pour donner une bonne visibilité à l’auteur en intégrant sa signature à la base de chaque image publiée sur le Web ; Enfin les logiciels de reconnaissance d’image (type Pixtrakk ou Picscout) peuvent donner aux auteurs visuels l’état des publications de leurs œuvres sur le Web. Seules les organisations professionnelles réunies en instances internationales pourraient permettre la mise en place de tels dispositifs à l’échelle mondiale. La partie n’est pas gagnée, mais les photographes ont-ils le choix ?