Pinterest et le droits d’auteur

31 mars 2012

Evolution du nombre d'utilisateurs de Pinterest aux Etats-Unis de mai 2011 à fin janvier 2012 selon Comscore (via TechCrunch). Une progression qui depuis a fait tache d'huile partout dans le monde.


Le fait

L’immense succès du site Pinterest (16 millions d’utilisateurs par mois) défie la chronique en attirant toujours plus de membres. Ce site qui permet à ses utilisateurs d’épingler sur leur mur personnel toutes les images glanées de-ci de-là sur Internet permet également de les partager vers leurs « followers ». Pour MarketWatch, cabinet d’étude américain, le site et ses utilisateurs jouent un jeu risqué puisqu’en dépit des conditions générales d’utilisation qui mettent en garde les utilisateurs contre l’usage de visuels dont ils ne détiendraient pas les droits, personne ne se préoccupe réellement des droits d’auteur.

Le décryptage

Le public utilise désormais les images comme des mots. Pinterest illustre comme une évidence ce fait qui dépasse évidemment tout ce que nous avons connu jusqu’à ces dernières années en matière de statut et d’usages des photographies. En dehors de leur esthétique, de leur pertinence, ces photos épinglées sont en fait des bookmarks. Un simple clic sur chaque photo épinglée, et celle-ci peut être recontextualisée dans l’article où elle a précédemment été publiée (grâce à l’hyperlien qui la relie au site d’origine). Pour les professionnels le défi est de taille, puisque cette culture de partage ne peut plus être régulée (sauf à imposer la fermeture du site comme ce fut le cas pour Megaupload ou Napster ou à imposer un contrôle général du Web ce qui serait  perçu comme une dangereuse entrave à la neutralité du net). La solution pour pallier à cette hémorragie serait d’adopter rapidement un dispositif de traçabilité robuste et planétaire, évitant les usages commerciaux de photos recueillies gratuitement. Plus coalition propose une telle solution, mais dès aujourd’hui l’image dite  « professionnelle » doit pouvoir se rendre « visible » sur le Web grâce à ses métadonnées. L’autre solution consiste à utiliser ces échanges massifs et  incontrôlables pour donner une bonne visibilité à l’auteur en intégrant sa signature à la base de chaque image publiée sur le Web ; Enfin les logiciels de reconnaissance d’image (type Pixtrakk ou Picscout) peuvent donner aux auteurs visuels l’état des publications de leurs œuvres sur le Web. Seules les organisations professionnelles réunies en instances internationales pourraient permettre la mise en place de tels dispositifs à l’échelle mondiale. La partie n’est pas gagnée, mais les photographes ont-ils le choix ?


Des photos condamnées à bouger

31 mars 2012

Exemple de réalisation en time-lapse par Joerg Daiber. Ce document n’est pas seulement esthétique, il constitue un témoignage saisissant sur la vie en Birmanie.

 Le fait

Les ventes de tablettes poursuivent leur course folle, avec le iPad comme leader incontesté et ses deux millions d’utilisateurs en France (sur un marché prévisionnel 2012 de trois  millions de tablettes selon GfK). Le succès des smartphones est tel que les ventes 2012 frôleront les 13 millions d’unités en 2012 (soit une croissance de +22 % toujours selon GFK). Dans le même temps, la télévision connectée s’invite dans les rayons avec un tel volontarisme des marques que le lancement « historique » de la 3D en 2010 paraîtra une anecdote marketing en comparaison du forcing qui se prépare.

Le décryptage

Tout converge vers une visualisation généralisée de tous les contenus sur écran ; les photographies ne feront pas exception à la règle. La haute qualité d’image photographique apporte des atouts déterminants notamment sur les tablettes où la possibilité de zooming dans l’image enrichit l’expérience de consultation et de découverte (à condition que la finesse de l’écran soit supérieure au pouvoir séparateur de l’œil, ce qui est le cas avec les 300 dpi de l’écran Retina du nouvel iPad ). Cette qualité d’écran peut par ailleurs justifier le déploiement futur de la vidéo 4K car le bénéfice devient visible. Mais le statisme de la photo et son efficacité en matière de transmission immédiate d’une information ou d’une émotion est son talon d’Achille. Sur les écrans, monétisation et temps passé sur un site sont associés, ce que oblige à maintenir les internautes le plus longtemps possible derrière leur terminal de visualisation par des programmes qui « durent ». C’est pourquoi la « photographie longue »,  également appelée « film photographique » doit devenir un format de diversification et de conquête pour la filière. Le diaporama sonore ou les POM (petites œuvres multimédia) ou encore le web-reportage ne sont pas les seuls objets à répondre à cet impératif. Parmi les productions simples qui font appel aux compétences de prise de vue, le time-lapse est un format idéal en permettant de contracter un événement long en quelques minutes (préparatifs d’une cérémonie, cérémonie elle-même, construction d’un bâtiment, chronologie d’un événement, etc…). A l’inverse, la prise de vue à très haute cadence, utilisant une caméras spécialisée, un appareil en rafale rapide ou des appareils synchronisés, permet de distendre le temps sur des phénomènes brefs. Là encore, il s’agit selon les aspirations de chacun de créer des produits à fort impact visuel, permettant de se différencier et de faire « bouger » les photographies sur les écrans.